dimanche 10 mai 2009

«C’était la frontière à passer pour devenir adulte. J’étais vraiment con à 16 ans».


II


FUCK.

Il n’y a rien de pire que d’être réveillé en plein rêve.

Surtout quand ce dernier est subtil, enfin du moins, il te fait drôlement de bien au moral ce rêve, ou cauchemar peu importe ; de toute manière ça se rejoint.





Je ne suis plus là, je voyage, loin, assez loin même…

Enfin de toute façon, on m’a réveillé donc c’est fini.



J’ai reçu trois messages cette nuit :

Claire : Réponds moi… → Ca me fait sourire.

Orange Info : Votre compte… → Pas intéressant.

Raph : Tu ne viens pas en cours ? → Merde.


Le temps d’enfiler le polo Fred Perry froissé, le Levi's déchiré et mes célèbres Converse dégueulasses, je me coiffe dans le bus 505 car je n’ai plus les cheveux longs depuis mon dépucelage romantique.

J’espère malgré tout au fond de moi que la barbe, les yeux rouges et la forte odeur de café, et bien, que tout cela passera inaperçu devant mes meilleurs amis pour la vie :

Les profs.


En attendant, sur la route, à côté du gros mec à côte de moi qui transpire comme jamais, j’en profite pour regarder le paysage.

Il fait beau à Bourges aujourd’hui, c’est bizarre.

J’aurais dû prendre le train et partir sur la côte avec ma guitare tiens…

C’est follement inspirant la côte ensablée sous le soleil, les vagues, l’air salin et les premières jupes à fleurs qui apparaissent...


TERMINUS DESCENDEZ DU BUS.


Je suis à cinq minutes du lycée, autrement dit j’ai largement le temps de griller une Lucky et de terminer l’écoute de la chanson en cours : Us de Regina Spektor.

Je tourne la tête et aperçoit un mendiant qui chante en grimaçant : Pas d’argent, sept enfants à nourrir, yé soui yougoslave.


J’augmente le volume.


A ma gauche, un mec tend soixante euros cash à un fournisseur de survêtement Adidas « agrégé », le tout sous les yeux du pseudo Yougoslave qui rechante sa poésie, mais le cœur n’y est plus.

Et le mien d’ailleurs ?


J’écrase ma cigarette.


Bon je frappe ou je ne frappe pas ?


Je frappe.

-« Bonjour, désolé, problème de bus.

(Inutile de faire une phrase, ça les énerve plus qu’autre chose)

- De bus tu dis ?

- Oui.

(J’avais sorti l’excuse type du lycéen, qui n’était vérifié qu’une fois sur 10 paradoxalement)

-Bon à ta place.


Je m’assieds à côté de Julie et enlève mon sac en bandoulière, mon briquet tombe et elle me le ramasse gentiment.



-« On ne t’as jamais dit de porter des jeans plus serré au niveau de la taille, on voit tout tu sais… que je lui dis.

-Ta gueule Sacha. »


Julie c’est la jolie blonde qui me hantait quand j’avais 16 ans, maintenant elle était d’une gentillesse extrême, si bien que je la considérais comme ma meilleure amie, tout simplement.



(Elle avait dû tomber amoureuse elle aussi.)




Charlie


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